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Impasse des Pas Perdus
6 août 2017

Voyage philosophique du pain perdu

 

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Petite, j'aurais du être gourmande, adorer manger, mais ce n'était pas le cas. Je ne mangeais pas grand chose, j'étais une enfant très maigre, pourtant j'adorais grappiller la charcuterie et j'étais une lectrice boulimique. La charcuterie par convenance, il n'y en avait pas à la maison. Seules les vacances à la montagne, me rapprochaient de ce plaisir. Nous allions à Lacaune, puis Andorre.

 

Tranche de Pain Perdu de Impasse des Pas Perdus

 

Mon père cuisinait de temps en temps, il inventait des plats pour me mettre en appétit, il transformait chaque moment. Ma mère n'était pas une cuisinière extraordinaire, elle assurait le quotidien mais de temps en temps, transformait mes papilles par un raté qui devenait alléchant. Elle était bercée de coutume et nous imposait sa vision de la conscience, soit le vendredi du poisson. Rien ne se perd, rien ne se jette. Une partie d'elle, c'était concentrée sur la guerre et pour détail, le jambon d'York prenait des couleurs de saumon quand il dépassait la date héroique que préconisait le boucher !

Sa mère en revanche, cuisinait très bien. C'était ma grand mère qui était aux fourneaux et elle ne cuisinait que des produits naturels qu'elle faisait venir, entendons par là qu'elle cultivait ou élevait. Chaque plat dépendait donc de sa visite dans son jardin, le matin. Dès dix heures, elle courait après le temps avec une poêle noire comme l'enfer. Il fallait la tenir avec un torchon par la queue, elle brûlait et suspendait le moment par cette chaleur qu'elle dégageait. C'était bon, je ne résistais pas à l'assiettée, il n'y avait pas de réassort des restes, tellement c'était fameux. Le repas dominical était composé d'un lapin. Il était nourri des herbes qu'elle allait fauchées autour de l'Orb, cette rivière qui me ramenait chez mes parents.

 

Pain Perdu de Impasse des Pas Perdus

 

Je n'avais pas d'enthousiasme sur les aliments. Mes goûts se sont développés avec le référentiel de ma grand mère. Chez elle, je jouissais d'indépendance et de liberté. L'apprentissage de la nourriture se métamorphoser par l'absence du passé.

Les Dimanches de mon père débutent par un cérémonial. Tout n'était pas perdu. Chez moi, c'était le père qui osait et se désignait pour organiser le début de la matinée.

Aussi loin que remontent mes souvenirs, mon père est né en 1939. Le pain est lié au frais et au croustillant. Mais le pain faisait partie du quotidien depuis 8 000 ans avant Jésus-Christ, avec la découverte du levain, il était donc façonné pour compléter l'alimentation. Il n'est jamais jeté, mais conservé par respect plutôt que de le perdre. Il était utilisé à l'origine le lundi qui suit l'épiphanie, surnommé le "lundi perdu" car jour "chômé".

Mais perdu pour perdu, le dimanche, il prenait une autre allure et devenait du "Pain Perdu".

Dans mes souvenirs, mon père prend le pain non consommé de la semaine. Rassi, il le partage en tranche épaisse, il prend bien sur le plus ancien, le gros pain celui de 700 gr je suppose. Vous me suivez ?  Entâmé mais non fini, il était conservé en prévision du dimanche. A cette étape, il s'organise et compose avec des produits de base dont deux oeufs, du lait, une gousse de vanille, du sucre en poudre, ainsi que de la cannelle.

Le lait est tiédi avec une gousse de vanille grattée. Cette infusion donne une douceur dans la cuisine où nous prenons notre petit-déjeuner.

Les tranches de pain sont trempées dans le lait vanillé, pour s'imprégner de cette substance. Quand le pain aborbe le lait, ramolli, mon père passe à la deuxième étape. C'est alors que les oeufs sont fouettés et l'on trempe à nouveau le pain dans cette substance. Une noisette de beurre est mise dans la poêle chaude .

Une fois que le beurre mousse dans la poêle, les tranches sont mises à dorer de chaque côté, puis elles sont déposées sur un torchon. Saupoudrées de sucre mélangé à la cannelle, moelleuses à coeur, elles sont prêtes à égayer notre petit-déjeuner de gourmets.

Le petit-déjeuner traînait délicieusement en longeur, l'odeur du lait vanillé se répandait dans l'air et prodiguait à la maison un air de fête.


Aujoud'hui dimanche 6 aout 2017, naissent de nouveaux souvenirs car j'ai fait le "Pain Perdu" à ma fille qui n'en avait jamais mangé. De nouveaux rituels qui se rajoutent aux souvenirs lointains de mon enfance. J'ai fait les mêmes gestes, pour me souvenir et tenter le présent.

Affiche "Pain Perdu"

 

Autres recettes de mon enfance

Pain à l'oeuf et au vinaigre

Salade d'oignon

Macaroni au sucre

Riz au sucre et à la cannelle

Truite à la poitrine salé

 

Bibliographie

Recette du pain perdu

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Traduction  : Français,  Allemand, AnglaisArabe, Hollandais 
Parution : 6 août 2017
Mise à jour  : 19 décembre 2018


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Commentaires
M
Bonjour, vous écrivez c'est alors que les oeufs sont fouettés et ils sont mis où dans la poêle pour faire une omelette ?
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M
Superbe ..et les odeurs des souvenirs arrivent jusque' à nous ...! <br /> <br /> Le pain perdu reste un dessert incontournable qui fait toujours l' unanimité à la maison .. aujourd' hui je le fais aussi avec un reste de brioche maison rassise ... c'est un dessert simple et tellement goûteux ... :-)
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C
Tout comme toi! Petite fille, je ne mangeais rien, n'aimais pas le sucre mais je grignotais un peu de salé...<br /> <br /> Je viens tout juste d'émerger de mes mots, mes phrases, mes pages, par centaines et je retrouve de la liberté rompre le silence nécessaire que je m'imposais et du temps pour revenir visiter ton blog. Tant de choses depuis que je ne suis venue ici, tant de jolies choses à rattraper!
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C
Quelle magnifique chronique! Cela pourrait être le début d'un roman tant cette époque révolue est imagée par les mots. On sent presque le parfum des pains perdus. J'ai tant de choses en commun avec toi! Le lapin du dimanche, le manque d'appétit, les habitudes d'après-guerre et la cuisine de de ma grand-mère (et la poêle noire comme l'enfer!)
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J
Ah quel régal que ces souvenirs d'enfance "jumeaux" aux miens mais sans "père ni mère" puisque j'ai été élevée par mes grands-parents et mon arrière grand-mère.<br /> <br /> J'en conte quelques souvenirs également sur mon blog ici = <br /> <br /> <br /> <br /> http://laurejo.canalblog.com/archives/souvenirs_d_enfant/index.html<br /> <br /> <br /> <br /> Nous dégustions également du pain perdu car mes aïeux étaient pauvres et comme tu l'écris, rien ne se perdait !!!<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part, j'avais bon appétit mais détestais particulièrement le tapioca dans la soupe ... beurk :) !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai été émue en lisant ton récit et j'ignorais jusqu'ici l'origine du nom "pain perdu".<br /> <br /> Merci donc pour ces émotions et ces "odeurs culinaires" du passé :) !<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous et bonne semaine.
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