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Impasse des Pas Perdus
5 octobre 2006

Mes films préférés, sans ordre de préférence,


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LE FESTIN DE BABETH de Gabriel AXEL (1987)

Le_festin_de_Babeth  Note : 5 étoiles  Drame de 1 h 42

 

Une œuvre tirée d'un court roman de Karen Blixen, réalisée par Gabriel Axel en 1987 dont le personnage principal est Babeth, interprétée par Stéphane Audran. Autres acteurs : Brigitte Federspiel, Bodil Kjer, Jean-Philippe Laffont.

Résumé : Babeth Hersant, cuisinière renommée dans un grand café français "Le Café Anglais" fuit Paris et la répression de la Commune en 1871, suite au décès de son fils et de son mari. Un soir d'orage, Babeth débarque sur la côte danoise et trouve refuge comme servante, dans un petit village de Jutland, au service de deux vieilles soeurs Filippa & Martina, célibataires filles de pasteur, luthériennes très pieuses et pauvres.

Mais revenons sur les deux soeurs, au début de leur vie, filles donc de pasteur, homme strict et égoïste qui ne tolère aucun écart, va faire solder par des échecs les rencontres amoureuses de ses deux filles. Tout d'abord Martina qui renonce aux avances d'un jeune officier en visite Lorenz Lowenhielm. Pour sa soeur Filippa qui chantait à l'église communale vint la rencontre avec un jeune chanteur lyrique parisien Achille Pappin qui en séjour dans ce village pour se reposer entendit sa voix et fut charmé. Mais comme pour la première, Philippa dut renoncer à cet amour, Achille fut éconduit par son père.

Des années plus tard Babeth envoyée par Achille Pappin est recueillie chez les deux soeurs.

Jouant chaque année à la Loterie en France, Babeth continuera de le faire dans son exil grâce à un proche resté au pays. Elle travaillera auprès de ces deux dames, pendant 14 ans, et un jour elle gagne le gros lot, 10 000 francs (une fortune pour  l'époque). Cette somme va lui permettre de retourner en France ; mais avant de partir, elle veut marquer son départ  et requiert une faveur. Organiser le dîner pour le centenaire de la mort du pasteur,  vénéré père, que les deux soeurs comptaient donner à 12 convives, membres de la congrégation dont les liens se relâchaient.

 

 

Bien sûr ce qui m'a retenu dans le film s'est que c'est un vrai conte gastronomique en images, où les préparatifs du banquet et la succession des plats, aux noms enchanteurs, font saliver.

Mais ce qui fait le charme de ce film, c'est l'ambiance du repas, qui au départ est très réservée voire mutique, et qui se réchauffe petit à petit : il faut savoir que les convives ont tellement peur de pécher par goinfrerie, qu'ils se jurent de manger religieusement mais sans plaisir et sans commenter ce qu'ils absorbent. La bonne chère, les bons vins et un invité, vieux général, vont rapidement faire plier l'assemblée et la rendre joyeuse. Les invités mangeaient pour vivre avec des produits simples et découvrent lors de ce festin que manger peut donner du bonheur et que la gourmandise n'est pas toujours pèché.

Le scénario fait que les personnages ont des gestes lents et mesurés de ceux qui vivent hors du temps. Le pays d'exil a des couleurs austères : grisailles, chaume mouillé et sévérité luthérienne. Mais les intérieurs et les visages s'éclairent à la lueur des bougies et prennent la platine d'un tableau flamand. Le rytme s'accélèrent avec les préparatifs du repas : un festin comme les dignes et raides villageois n'en ont jamais vu, avec foie gras, cailles et soupe de tortue (Cf. menu). Autour de la table, les joues prennent des couleurs, les langues se délient, la vraie nature des personnes se révèle.

Un film profondément humaniste, et dont le raffinement subtil agit sur les spectateurs comme une savoureuse torture.

(scène du film)Babeth__jou_e_par_St_phane_Audran Oscar du meilleur film étranger en 1988

 

Portrait de la romancière

Longtemps connue sous le nom d’Isak Dinesen, son vrai nom était Baronne Karen von Blixen-Finecke, ou Karen Blixen, qui écrira Le Dîner de Babette et la Ferme Africaine (Out of Africa).

Née au Danemark, le 17 avril 1885 à Rungstedlund, sous le nom de Karen Kristence Denisen. Sa mère est Ingeborg Westenhoz. Son père Wilhelm Dinesen, Capitaine, occupe les fonctions d'écrivain et parlementaire. Son père aurait contracté la syphillis et se pendit à Copenhague quand elle avait que 10 ans, le 28 mars 1895.

Elle est éduquée par sa mère, sa grand-mère et sa tante qui sont de confession protestante. Elle n'est pas scolarisée, une gouvernante fait l'office de son éducation.

Sa mère, Ingeborg Denisen éleva seule ses cinq enfants.

Son style littéraire, suffragette, éducatif poussa Karen Dinesen effaçait dans l'ennui à prendre lecture. Dumas, Nietszche, Homère, Shakespeare mélangés à la Bible furent ses lectures. 

Elle étudia l'art en prenant des cours à l'école des Beaux-Arts à Copenhague.

Elle commença a publié ses premiers textes à l'âge de 22 ans, en 1907, sous le pseudonyme d'Osceola. C'était une nouvelle appelait "Les Deux Solitaires" éditée dans la revue littéraire "Tilskueren".

Sans succès à l'époque, elle relâcha cet essai, mais repris à l'âge de 50 ans cette passion.

Ces recueils se réfèrent à l'éthique humaine et son expérience. Elle fait ressortir que le faste d'une vie florissante est instable et peut se perdre.

En 1909, elle éprouve une passion pour son cousin le baron Han von Blixen-Finecke, mais non partagée.

En 1910, elle part pour continuer ses études à Paris.

1912, elle quitte Paris pour prolonger ses études à Rome.

14 janvier 1914 à Mombaza, près de Nairobi (Kenya), elle part. Elle épouse son cousin suédois, le baron Bror von Blixen-Finecke, frère jumeau de son premier amour.

Avec lui, elle embarque sur l'océan indien pour le Kenya (sous la domination britannique) le 14 juin 1914 où elle vécut de 1914 à 1931 dans une plantation de café M'Bagathi financée en partie par l'investissement financier de la famille de Karen. Bror Blixen est nommé Directeur des "cafés Karen". Il n'a malheureusement le sens du commerce. Elle fut éprise plus de l'Afrique que de son mari. Elle le quitte en 1921 en gardant un souvenir impérissable : la syphilis. Divorce en 1925 avec l'outrage de la perte du titre de Baronne. 

En 1915, elle se fait soigner au Danemark.

En 1916, elle fait connaissance du pilote anglais Denys Finch Hatton. Ils devinrent amants après son divorce. Karen se fera avorter en 1927. Denys meurt dans un accident d'avion, le 14 mai 1931, à l'âge de 44 ans.

A gauche, Denis Finch Hatton

En 1928, elle accueille dans sa plantation le Prince de Galles, héritier du trône d'Angleterre et futur Edouard VIII, grâce à Denys.

Elle gère la plantation avec l'aide de son frère Thomas Blixen de 1918 à 1923, avant son retour au Danemark.

Son goût pour l'écriture semble l'avoir poussé à cette période à faire l'ébauche des "Sept contes gothiques".

En 1931, la crise financière et les mauvaises conditions météorologique de ces quelques dernières années lui impose de revendre sa plantation. Elle quitte l'Afrique et n'y reviendra jamais. Elle arrive à Marseille le 19 août 1931 et part pour son domaine familial, le 31 août 1931.

Elle reprend l'écriture et dit :

"Personne n'a payé plus cher son entrée en littérature".

1934, édité par Robert Haas "Sept contes gothiques".

Pendant ces dix-sept années passées à Ngong, dans les montagnes, elle nous conte avec le sens du défini ce qu'elle perçoit chez les habitants avec qui elle vit. Les lettres qu'elles envoient à sa mère et à son frère Thomas relatent la trame du livre "la ferme africaine" mais ces lettres semblent bien éloignées du récit intemporel qu'est le film, traduit en français en 1942 et qui eut un regain de notoriété lors de sa sortie en film (1985) ou Meryl Streep joue le rôle principal. Il fut adapté au cinéma par Sydney Pollack, sous le titre "Out of Africa".

En 1937, les douleurs engendrées par sa maladie s'aggrave et elle se fait opérer de la colonne vertébrale. La maladie la laisse stérile.

Elle est soignée au mercure et mange beaucoup d'huîtres pour contrecarrer ses soins.


Elle est intelligente, cultivée et à la fois originale et fantaisiste. Si elle a une âme, elle est forcèment africaine, tant son esprit cultivé faisait transcender les mémoires de l'afrique. Tous les personnages qu'elle conte sont hors du temps, pour incarner l'horreur et le bonheur de vivre de tous les temps.

A 46 ans, elle revient au Danemark, malade et ruinée.

1949, elle rencontre chez elle, un cercle littéraire et intellectuel danois, issu de la revue littéraire Heretica. Elle embauche comme secrétaire Clara Selborn. Elle devient sa conseillère artistique et économique.

A gauche : Clara Selborn - A droite, Karen Blixen

En 1951, elle part à Rome, puis en Grèce. Elle habite une maison, aujourd'hui appelé pension Dinesen.

1956, elle subit une nouvelle opération.

1958, elle crée une fondation pour rendre pérenne sa propriété de Runstedlung où elle met en place une réserve ornithologique.

Toute sa vie, elle refusa le cocon familial, la loi de l'aristocratie. De caractère trempé et éprise de liberté, elle s'imposera par l'écriture en sublimant ce que la réalité lui laissait entrevoir :  maladie, coups de fatigue, dépression par un style comparable à nul autre pour échapper à sa propre vie. Elle offre son récit aux insomniaques comme elle.

1959, elle part aux Etats-Unis et réalise un vieux rêve de rencontrer Marilyn Monroe avec son époux Arthur Miller.

de gauche à droite : Marilyn Monroe, Norma Jean, Arthur Miller, Karen Dinesen

 

1961, elle fait un voyage à Paris.

Elle est décédée le 7 septembre 1962 à Copenhague, de la syphilis. Elle est inhumée dans sa propriété de Rungsted, au pied d'un grand arbre.

File:Karen Blixen's grave.jpg

Sa nouvelle est publiée à titre posthume "Ehrengard", l'année suivante.

Cette photo date de 2001.

Karen_Blixen

 

On aurait presque pu y croire…

Ce portrait superbe signé Dellacroix & Dellfina est celui d’une femme dont on ne garde souvent qu’une piètre image, celle d’une vieille femme ridée, rongée par la maladie et à l’air revêche.

Karen_Blixen_un_peu_plus_tard

        Karen_Blixen_sur_le_vif au Kenya en 1918


Karen Dinesen Blixen-Finecke 1961

 

 

 

 

 

 


 

 

1961


 

 

 

 

Janvier 1959 au Carson McCullers à Brodway.

Karen Blixen

223052.jpg(clic sur la photo pour lien)

29 janvier 1959 à New-York

Photographe : Carle Van Vechten

 

The farmhouse where she lived from 1914 to 1931La ferme où elle vécut de 1914 à 1931

Karen et son frère Thomas Blixen

 

Wilhelm Dinesen, son père

Voici la malle conçue par Hermès - 1930

blixen hermes suitcase

Le menu

                     Soupe de tortue géante
               ***
Caille en sarcophage ***
                            Blinis Demidoff
           Gâteau aux raisins et figues mûres

 

Lectures associées

  • 1907 - Conte "Les Reclus"
  • 1934 - Sept contes gothiques, en anglais (publié sous le pseudonyme : Isak Denisen),
  • 1937 - La Ferme Africaine,
  • 1942 - Contes d'hiver,
  • 1944 - Les Voies de la vengeance (publié sous le pseudonyme : Pierre Andrézel),
  • 1957 - Nouveaux contes d'hiver,
  • 1958 - Anecdotes du destin, dont "Le Dîner de Babette",
  • 1961 - Ombre sur la prairie,
  • 1963 - Ehrengard,
  • 1977 - Les Chevaux fantômes et autres contes,
  • 1981 - Les lettres d'Afrique : 1914-1931,
  • 1996 - Les lettres du Danemark : 1931 - 1962
  • 2006 - Afrique - Collection "Quarto", édition "Gallimard", traduction de Alain Grnaedig,préface de Martine Bacherich,


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Ligne  Dernière mise à jour, le 1er février 2008

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Commentaires
G
Je viens de lire ton résumé du film, complété par la vie et l'œuvre de Karen Blixen, avec photos à l'appui, et te remercie de ton passage sur mon blog!<br /> <br /> Tu as su décrire, mieux que moi je ne l'aurais fait, ce que j'ai ressenti tout au long de ce film!
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C
Ce film est un pur chef d'oeuvre, une délectation.<br /> <br /> Bravo pour cet article fort complet. <br /> <br /> Merci d'être passée sur mon îlet sur l'île de La Réunion.
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M
J'adore ce film.<br /> Marydeco
Répondre
P
Heureuse de voir ta réaction. Merci pour ta visite.<br /> <br /> @+
Répondre
H
Ce film est un bijou précieux, merci d'en avoir parlé.
Répondre
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