Restinclières ~Graine & Source de folies~
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L'eau ! "Eau, tu n'as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie tu es la vie" Antoine de St Exupéry
Vous connaissez le château de Restinclières ? La nature offre source de plaisir et d'eau. Les sources du Lez sont le point d'orgue de Restinclières et l'eau canalisée alimente le long canal bordé de vieux magnolias qui reflètent leurs branches dans l'eau trouble et dormante.
Mais aujourd'hui la sève de ce château se disperse en spectacles, expositions sur l'environnement. Et comme je préfère dévaler les parterres à la française en maître des lieux, je vous offre ma promenade dans son intimité.
Racines
Il était "Folies" au XVIIIe siècle de vivre à la campagne pour bien des égards. Et pourtant, isolé de la ville, se dresse un château avec pour décor de fond le pic Saint-Loup, au pied des sources du Lez qui alimentaient cette vallée inondée de soleil.
Les tuiles noires se mirent au soleil de la végétation alentour. Vernies de noir, de vert, elles rappellent les fruits des oliviers qui se dispersent dans les terrains de la propriété. Cette balade débute par le pont de Prades qui saute de berge en berge et nous prenons le côté droit pour suivre en sens inverse la rivière qui accroche dans cette allée les racines des platanes centenaires.
Lichen
Nous parcourons du regard les paysages, espace naturel. Nous partons à la rencontre de sa végétation et faune afin de sillonner notre recherche de découvertes contées, visuelles, gourmandes et scientifiques.
Cabane de vigneron ou de bouscatier
La grille qui arrête le regard sur l'entrée de la propriété nous est ouverte. Une grande allée de cèdres de l'Atlas jalonne le chemin qui mène sur le côté Est de la demeure dans la cour d'honneur. Le cèdre est l'arbre de prestige pour toute habitation. Cette allée, côté est, plantée de cèdres centenaires nous dirige vers le domaine qui trône tel un joyau en son milieu pour nous dévoiler le pouvoir par sa situation.
Entrée
Allée de cèdres de l'Atlas
De côté, la bâtisse nous apparaît avec ces tours carrées et son corps central allongé. De face, la façade principale nimbée de soleil se jette en cascade dans les jardins à la française, jusqu'à ce que le regard se perde dans la garrigue aux alentours. Au fond perce le village de Montferrier-sur-Lez perché sur son piton basaltique de son ancien volcan.
Façade principale
Cet écrin de verdure nous est offert par George Bentham, botaniste anglais, qui y planta au XIXe siècle, la majeure partie des beaux arbres qui ornent le parc. Magnolias, catalpas, tilleuls, maronniers, cyprès chauves et cèdres de l'Atlas sont devenus le sanctuaire d'une faune si précieuse. Sa famille racheta le domaine, connu comme Seigneurie.
Lampadaire
Vignoble pendant 130 années à partir de 1834, culture interrompue en 1880 par le phylloxéra, mais replantée avec des pieds américains. La culture du froment dans cette vaste prairie regorgeait d'eau est attesté par le moulin du "Mas de Prades". 1956 provoque d'autres désastres qui poussent les propriétaires à arrêter les champs d'oliviers cultivés jusqu'en 1970, pour l'arboriculture. 1992 lui offra l'ouverture au public par l'achat du Conseil Général (achat avec la TDENS) qui aménagea la propriété pour offrir un biotope exceptionnel.
Je reviens vers la bâtisse construite vers 1630 et remaniée au XVIIIe siècle selon le modèle des Folies entourées de parterres à la française aux tracés géométriques qui s'étagent pour finir sur des escaliers soulignés par des bordures de buis.
Jardin à la Française
L'ordonnance classique de la façade est soulignée par les tracés géométriques du jardin qui accentue les perspectives et offre son étagement sur plusieurs terrasses dû à la déclivité du terrain. Le parterre est divisé en deux contours tenus par de fortes bordures de buis scandées régulièrement d'ifs. Au delà de cet espace se poursuit une allée centrale prestigieuse agrémentée de pelouse qui descend au verger. Elle est maintenue de part et d'autre par les futaies. Côté Ouest, le domaine s'étend jusqu'aux berges du Lez et l'on peut apercevoir une ancienne maison de pompage, juste avant l'allée de magnolias qui longe le canal. Cette élégante demeure est délimitée par des murs en pierres sèches et enserrée par de deux cours d'eau "Le Lez" et le "Lirou".
De l'esplanade, le regard s'élève sur cette impressionnante bâtisse aux abords austères, mais détrompez-vous, son apparence est trompeuse.
J'imagine les temps révoluent où sur cette esplanade se cotôyait ces rangs de courtisanes, seigneurs et marquis pour des fastes éblouissants. Je marche à travers les siècles qui ont vu Raymond Guilhem de Montferrier (XIIe), Guillaume du Caïla de Saint-Bonnet, seigneur de Restinclières (1377) et co-Seigneur de Montferrier (1337, alliance de Catherine de Montferrier). En 1748, Jacques-Josephe-Toussaint-Hercule IIème marquis de Montlaur meurt et laisse à sa nièce ses biens. Le seigneur Bertrand de Montmirat de Castries (1324), la famille de Bermond, Dominique de Cambacéres (+1656 ou 1673), puis les seigneurs de Montlaur qui marquèrent la région par leur domination tant militaire et politique que par les terres qu'ils possèdaient. Ce bien appartenait à la famille de Montlaur de Murles au moment de la révolution et fut nationalisé. Cela mis un terme à ses héritages et le château fut vendu à la famille de George Bentham (1800-1884), fils de Samuel Bentham (1756-1831), ingénieur et inventeur du Panopticon, missionné par le gouvernement anglais en Russie qui pris retraite dans le Sud de la France en 1814. Ils s'installèrent à Restinclières mi-octobre 1820 pour cultiver le domaine agricole. Il importa d'Angleterre des machines ; Son fils, George venait juste de commencer des études de botanique et zoologie à l'âge de vingt ans qui lui donnèrent sa renommée internationale. Ce lieu devient son laboratoire d'observations privilégié -innovations techniques-, -jardin hydraulique-, -mise en scène esthétique des eaux-, tantôt vives, tantôt dormantes, troubles ou limpides. Il y multiplia les plantations expérimentales dont beaucoup ont péri durant le rude hiver de 1956. En 1826, il décida de retourner en Angleterre suite à une mésentente avec les voisins qui s'opposent à lui pour détournement des ressources locales en eau.
Ce territoire préservé et pourtant belvédère nous offre un point de vue qui donne sur la clairière, côté château et côté clairière, l'axe central est le château rytmé par les bordures de buis.
A l'arrière du château, un bassin ovale distribue progressivement ses origines sur les trois niveaux de parterres ponctués de buffets d'eau. Cette mise en scène anime la montée des escaliers. Plus loin, le Lirou irrigue avec le Lez, le domaine par le biais d'ouvrages hydrauliques qui datent de 1820. Cette mise en scène est favorisée grâce à un circuit d'irrigation complexe mis en place par Samuel Bentham qui captait l'eau du Lez pour alimenter par le biais de canaux les bassins, buffets d'eau, vasques, ruisseaux, salle de fraîcheur sous le jardin à la française et mare... jusqu'au terres agricoles.
Des bâtiments agricoles (bergeries, caves) se dispersèrent sur la face Nord, tout autour. Tandis qu'un potager s'érigea sur la face Ouest et vint agrémenter l'enceinte du parc.
Restinclières, la sauvage doit son nom à "Restindièra" ou pistachier lentisque qui vient de l'occitan "Restincle", arbuste sauvage que l'on rencontre dans notre garrigue. Le chêne vert y domine et est accompagné du pin d'Alep, de l'arbousier, cormier, thym, romarin... Vous pourrez y admirer les 3 espèces de chêne (appelé chasne, en ancien français) : pubescent, vert ou kermès qui était utilisé pour produire de la farine de glands.
Le Lez est le plus petit fleuve de France (30 km environ) qui alimente Montpellier en eau par sa source, proche du château de Restinclières.
Aujourd'hui, plus de 50 espèces d'arbres et 115 espèces d'oiseaux se disputent les 215 hectares. Chaque arbre pris en isolé à une valeur symbolique. Son histoire nous apporte des connaissances qui peuvent nous interpellées car il rentre en compétition avec son environnement, les plantes et animaux alentours. Et pourtant, il mérite d'être étudié pour connaître la stratégie qui amène à le voir se développer à cet endroit. Est-ce simplement une valeur esthétique, une méthode de gestion du sol, a-t'il pour fonction d'enrichir la terre ou de protéger le sol des nuisances de l'eau, sans compter le côté odorat...
La combinaison eau, azote et carbone sont des facteurs essentiels pour l'homme, car le climat, la qualité de l'eau, de l'air, du sol en découle.
Genévrier
Laurier-thin
Consolida pubescens -Ranunculaceae- Clic sur photo, pour lien
Adonis Annua L. - Renonculaceae- Clic sur photo de Daniel Mathieu, pour lien
Legousia speculum-veneris L. Chaix (Clic, photo pour lien)
Gladiolus italicus Mill. (Clic, photo pour lien)
Côté faune, vous pouvez y découvrir la couleuvre de Montpellier, rollier d'Europe, scarabée, libellule, grenouille de Perez, papillon, escargot...
Rollier d'Europe (Coracias Garrulus) Lien (clic sur photo)
Cinq couples de rolliers nichent dans les vieux arbres.
L respect de cet équilibre naturel ou aider par la main de l'homme est fragile. Il est le fruit du climat, de l'histoire et de la création de l'homme.
Comment s'y rendre ?
Maison Départementale de l'Environnement
Domaine de Restinclières
34730 Prades-le-Lez
Tél. : 04 99 62 09 40
Allez à Prades-le-Lez, prendre la RD 17 en direction de St Mathieu-de-Tréviers et sur la gauche ne pas rater le panneau de signalisation.
Activités
Activités astronomiques par Geospace Hérault dans ce domaine protégé par la pollution lumineuse.
Iniitiation au jardinage biologique
Découverte des plantes sauvages et légumes oubliés.
Bibliographie
Notes sur George Bentham
Lecture "Point de vue sur la garrigue" de Daniel Mathieu : balade au pays de la garrigue, paysage méconnu.
Le domaine de Restinclières est devenu un musée public, lieu de culture, outil pédagogique et collections publiques.
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Traduction : Français, Allemand, Anglais, Arabe,
Parution : 31 janvier 2009
Mise à jour : 31 janvier 2009
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