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Impasse des Pas Perdus
4 octobre 2014

Carnon, se souvenir ? Mot de passe oublié

 

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Carnon n'est pas singulièrement jolie comme station balnéaire. Cette station est le produit de la civilisation urbaine. Je la préfère après les orages, quand les intempéries ont lessivé la plage, la rendant plus sauvage, soit dit avec plus de cachet.

Après le drapeau rouge et les alertes climatiques de la même couleur, aujourd'hui le temps est clément et propice à la baignade. L'eau est à 21° en ce 3 octobre 2014. Les vagues s'approchent puis s'étalent sur le sable.

Bulle de coquillage Carnon

La mer est sans routes, la mer est sans explications. (Sic Alessandro Barrico dans Océan Mer)

Carnon, c'est une vie pour certains montpelliérains car c'est le port de plaisance des montpelliérains. Ils y retrouvent leur passé et les souvenirs des premières vacances avec le camping, les bicoques en front de mer et la liberté. Les étangs, l'odeur des algues, les pontons où les barques attachées entrechoquent leurs voiles latines, c'est de cela que je vous parle.

Autrefois, Carnon était appelé Carnonville-la-Mer. Et si l'on remonte le temps, l'histoire nous rappelle la Baronnie de Carnon. Le Grau dit port de Carnon est cité dès 1303. Il est la propriété des Chevaliers de Malte qui le garderont jusqu'à la Révolution. Les anciens textes attestent que l'endroit était invivable par les moustiques, mais également par la présence de corsaires, d'odeurs pestilentielles, d'ensablement et la mauvaise qualité de l'eau. Les zones humides étaient peu peuplées car soumises au paludisme et razzias.

Cascail à Carnon

Les bons souvenirs sont des bijoux perdus, citation de Paul Valéry

A l'origine, cela se passsait dans ces petites maisons avec courette à l'arrière. Les bicoques de l'avenue Grassion-Cibrand s'entouraient de marmots. En scrutant le passé, les plus grands étaient assignés à la corvée des pains de glace qu'ils devaient aller chercher à la voiture journalière. Cela permettait de conserver les poissons du jour et les crabes pêchés dans les rochers du canal.

A l'époque, il n'y avait pas de commodités, ni d'eau courante. Le ravitaillement en eau potable se faisait à Palavas, à l'aide de bidon. L'eau usée se déversait dans le ruisseau caché par les taillis de roseaux avant de rejoindre les zones humides de cette vaste étendue.  Derrière, ce n'était que étang promis un jour à la création du nouveau port. L'étang communique avec la mer par le "Grau de Carnon". Le tout-à-l'égoût viendra qu'aux années 1980.

Sur la plage, les marchands de chouchou poussent leur inconditonnelle carriole pour tenter petits et grands. Mais, il est rapporté que déjà en 1858, Jean Jovenel de Pérols vendait des rafraîchissements sur les rives droites et gauches de Carnon.

A l'heure du pastis, point de commodité et  chacun devait ramener son siège pliant. Autour des bijus, des sardines grillées et de quelques moules, la discussion s'enmêlait.

Le soir, les dancings écumaient la jetée au même titre que les moustiques. C'était l'insouciance voire le bonheur.

Les pêcheurs se retrouvent les soirs de tempête sur la digue pour pêcher la daurade, l'unique, celle qui ne tient pas dans une main. A cette époque l'argentique ne permettait pas de ramener une photo pour donner du sens à la réalité, alors chacun racontait sa pêche et prenait des airs de Marseille ! Les noms restent ancrés comme Emile & Lucie Bruel.

Si l'on fait une plongée dans le passé, l'on découvre que jusqu'en 1288, la pêche se faisait en nacelle, c'est-à-dire la petite barque sans mât ni voile, sur l'étang. Il faisait "le globe", variante qui utilise un filet carré. Puis par la suite, ils utilisèrent un filet linéaire appelait "trémaille" long de 100 mètres tenu par deux piquets à chaque extrémité et dans lequel le poisson s'attrapait par les ouïes. L'étang s'est détérioré lors de la construction de la Grande Motte, dans les années 72 et a entraîné le changement au niveau de la vase devenue noire alors qu'elle était grise. Les maniguières et les bordigues ne sont plus entretenues. Voici les stigmates de la pollution urbaine, côté étang. Dans les années 50, 200 familles vivaient de la pêche.

Dès 1905, l'installation de meublés entraîne la présence de la bourgeoisie de Montpellier.

Le cordon dunaire appartient côté sud-est à la station de Carnon. Dans l'étang, l'on peut pêcher des jols, des dorades, des loups et lorsque arrive l'automne des petites soles. L'étang d'une profondeur de 80 cm n'était pas autrefois rattaché à la mer. C'est à travers les eaux d'un autre étang dit "étang d'Avranches" qu'il fut mis en communication avec la mer, alors qu'il en était séparé par le canal des étangs. Cet étang alimenté par 4 rivières dont le Vidourle, est peuplé d'oiseaux aquatiques tels que macreuses et canards. Il est même recensé qu'il y avait des macareux !

Le nouveau centre ville vit le jour aux années 70. Il recula de deux rangées d'habitation pour s'installer sur le nouveau port avec ses barres d'immeubles où le vent ne peut s'engouffrer. Sa situation géographique lui donna sa réputation.

Les petites boutiques regorgent de souvenirs en tout genre et il n'est pas rare de retrouver les mêmes horreurs de décor en coquillage sur chaque buffet de cuisine, au même titre que le thermomètre en forme de dauphin.

Le coin politique se trouve à la séance de billard, sur le quai qui longe bien plus tard le nouveau port. C'est là où l'on débat si Carnon doit rester rattachée à Mauguio ou enfin, être reconnue comme une ville à part entière.

Une des maisons les plus anciennes qui se situe au bord de l'eau se remarque par sa tour ronde qui dépasse le premier étage. Elle s'appelle "La fourmilière" et se trouve au bout de la rive gauche en allant vers la Grande-Motte. Pourquoi "Fourmilière", vous dirai-je ?

Les noms des villas de Carnon a un sens, ils évoquent l'architecture, le propriétaire. Ainsi l'on trouve "Villa Germaine", "Villa Mon Rêve", "Fourmilière"...

Pince retenue - Carnon

 

L'érosion de la côte est une dynamique naturelle et malgré les efforts humains, elle ne peut être empêchée. L'urbanisation exacerbe les processus naturels. Carnon est peu exposée aux tempêtes. La fréquence est une tous les trois ans et de ce fait, la mer gagne du terrain !

Connaissez-vous, la "saladelle", cette plante ancrée dans la tradition ? Elle est aussi appelée "lavande de mer". Si vous longez les roubines, le chemin est bordé de saladelle. Les roubines sont des sortes de rigoles creusées par l'homme pour draîner l'eau. Sur la rive droite des étangs, côté mer, la terre est limoneuse et la végétation est composée de salicorne. La salicorne quand elle est jeune est comestible. Elle se déguste crue ou en vinaigrette. Au milieu des roselières, vous pénétrez dans la "sansouïre", cet espace entre terre et eau. Lorsque les étangs sont écrasés par le poids du ciel, le sol se craquèle et forme une croûte qui donne à l'infini, l'aspect du désert. Le tamaris est l'arbre le plus typique car il résiste au sel et au climat méditerranéen.

Les pluviers vivent dans les vasières. Ils font partie de la famille des "charadrius" qui comprend 67 espèces. C'est un oiseau de rivage, là où la végétation est courte et parsemée. Il se reproduit au printemps et forme un nid à même le sol recouvert de débris de coquillage.

Pour les curiosités, à part la passerelle qui reliait les deux rives auparavant et la maison perdue dans l'étang de l'Or, je n'en trouve point d'autres. Les immeubles remplacent les habitations balnéaires historiques et l'aménagement du territoire n'a retenu que le mot "touriste". Pour protéger les départs en masse vers l'Espagne, la construction fut d'envergure mais sans architecture comme à la Grande-Motte.

Quand le mot "beauté" sur les moteurs de recherche n'amène que la vision de l'institut de beauté situé sur l'avenue, je ne trouve pas d'autres points de repère pour vous signifier son absence.

Abri sur la plage - Carnon

Ses plages sont en épis, le port est accueillant pour les bateaux et la grand-roue cerne les alentours, sans grand risque.

Dans la station, il existe une ancienne colonie de vacances "Enfance ouvrière au grand-air".

Carnon fait partie aussi des chemins de Compostelle. Entre l'étang, le canal et l'étang se trouve un chemin qui longe le canal du Rhône.

Etendue, non debout - Carnon

La station balnéaire de Carnon se trouve sur la commune de Mauguio (Hérault), à environ 10 km de Montpellier. Elle est séparée de sa commune voisine par l'étang de l'Or.

Les cabanes se situent à l'entrée de Carnon autour des quatres canaux surplombés par le grand pont qui enjambe le canal du Midi. Dans les années 1930, les maisons de pêcheur étaient en sagne, puis elles furent remplacées par des cabanes en roseau et plus récemment en bois. Certaines sont en pierre avec un étage qui permettait de ranger le matériel de pêche au rez-de-chaussé et de s'installer à l'étage. Les hommes disposent des matériaux sur place. Elles ont disparu avec l'urbanisation. L'aménagement du canal du Grau à Pérols a entraîné un nouveau pont.

La barque appelée "négafol" est toujours là. C'est une barque à fond plat, étroite qui permet de se diriger avec une perche, nommée "partègue", dans les étangs. Au fond de la barque, la "trabaque" attend d'être lancée. C'est un filet adapté à la pêche à l'anguille.

De l'autre côté, en direction de la Grande-Motte, la commune se termine par son château d'eau.

A la sortie de Carnon, les flamants roses nidifient dans les étangs. Ils sont les prédateurs des artémias, ces petites crevettes des marais salants. Les flamants roses, cette espèce grégaire vit au Sud de la France dans ces étendues d'eau. Les flamants roses sont libres,  par le fait qu'ils changent de partenaire, chaque année. Ils sont pourtant farouches à notre rencontre.

Il y a un vif contraste entre les flamants roses et les taureaux noirs. Pourtant les taureaux ne distinguent pas les couleurs, mais en plus, ils voient floux. Le rouge les existe, c'est leur spectre ; mais je ne sais pas si c'est l'animal en nous qui voit tout en rouge et est fasciné par cette couleur sanguine.

Recette de la tapenade

. 200 g d'olives noires dénoyautées
. 100 g de parmesan râpé
. 10 filets d'anchois
. 100 g de câpres égouttées (environ 2 cuillères à soupe)
. 15 cl d'huile d'olive
. poivre noir
. 1 gousse d'ail

Ecraser les olives, les filets d'anchois, les câpres dans un mortier tout en ajoutant un filet d'huile d'olive. Malaxer jusqu'à obtention d'une crème plus ou moins fine suivant votre convenance. Rajouter le parmesan.
Assaisonner de poivre, d'ail.
Mettre au frais 1 heure.

 

Où manger ?

"Anisette & brochettes"
37 avenue Grassion-Cibrand
34280 Mauguio

 

Les orages à Carnon ?

4 septembre 2008

 

 

Bibliographie

Plage de Carnon, le 3 octobre.

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(clic sur photo pour lien)


LOULOU

  Gallician Tag des Arènes du village

La Grande Motte
La chapelle architecturale décortiquée

Beauduc...
FRANCE
Autour de l'étang de l'Or,
Les cabanes du salaison
MAUGUIO
L'été sans "chouchou" à
PALAVAS
  Taureaux, les pieds dans l'eau à Tour Carbonnière
GRAU du ROI

 

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Traduction  : Français,  Allemand, AnglaisArabe, Hollandais 
Parution : Samedi 4 octobre 2014
Mise à jour  : 4 octobre 2014
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