03 février 2012
La veillée décomposée
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Devant moi, j'en suis quasiment certaine, la mort est là. Celle qui nous sépare et nous réunit. Mes premiers pas d'adulte se faisaient en damier, comme un jeu de "d'âmes" ou d'échec. J'avais perdu l'homme, le pion indissociable de la famille, le père. Le trouble, le supplice extrême se présentaient comme une guillotine. Sa vie s'était retirée, arrachée en débris sur le bord de la route. Ce grand malheur de ne pouvoir être seul, vient qu'il n'a pas su rester dans sa chambre et de sa sortie, il a fait rentrer la mort, les retrouvailles et les souvenirs effacés. L'ordre des événements est l'héritage anticipé. Je suis parmi ces devinettes, ces histoires de famille dont la trame parfois usée laisse apparaître le jour. Tandis que son âme s'élève, j'attrape froid sur mes lèvres qui tendent à extraire un dernier souvenir par ce baiser sur la tempe. J'écoute sans entendre, sans rien attendre car il est dit qu'il ne reviendra plus. C'est la levée du corps vers le néant dans l'inclémence du ciel qui nous plombe de ses rayons et de douleurs. Le cortège s'étire emmenant au passage les voisins, les amis, les badots, le clergé jusqu'à ce pavé de terre travaillé qui exhume l'odeur "Poussière tu reviendras". Tristes les regards, ces masques cloisonnés le temps de la cérémonie. Sur la tombe d'à côté, j'aperçois Marie et je me retourne, pour voir mon oncle Joseph. Ou est donc passé Jésus, cet homme itinérant qui a laissé sur la route, mon père. |
Le soleil ce jour-là s'étalait comme un ventre Merlin et la vieille Femme, §1, in Alcools. Guillaume Appolinaire |
Suite -La terre & les semailles-
Un accident de la route mortel hier sur la route d'Agde dans l'Hérault. Vers les 5 heures du matin, une voiture a quitté la chaussée et s'est encastrée dans le rail. Le conducteur est décédé sur le coup. L'automobiliste était âgé de 42 ans.
BIOGRAPHIE
Essai
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Traduction : Français, Allemand, Anglais, Arabe, Hollandais
Parution : 3 février 2012
Mise à jour : 3 février 2012
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Commentaires sur La veillée décomposée
- il est beau ce blé
- Je viens juste d'échanger quelques mots avec ma voisine Gigi. Elle a perdu une fille il y a quelques années. Une charmante petite Charline qui traversait la route en respectant la signalisation...quand une jeune maman pressée...
Son sourire nous manque à tous ici...
Navré de t'écrire ceci mais les mots sont venus du coeur. - Il aurait pu être moi, j'aurais pu être lui, nous avions le même âge...enfin, je n'en suis pas loin, à quelques mois près !
Nous choisissons si peu le cours de notre vie, ce qui peut la faire basculer du jour au lendemain. Je comprends que tu es pu écrire en réaction à... je suis construite à l'identique. - Je suis très émue par ton billet...
Un chant me vient à l'esprit...
Trouver dans ma vie ta présence
Tenir une lampe allumée
Choisir avec toi la confiance
Aimer et se savoir aimé
Croiser ton regard dans le doute
Brûler dans l'écho de ta voix
Rester pour le pain de la route
Savoir reconnaître ton pas
Brûler quand le feu devient cendre
Partir vers celui qui attend
Choisir de donner sans reprendre
Fêter le retour d'un enfant
Ouvrir quand tu frappes à ma porte
Briser les verrous de la peur
Savoir tout ce que tu m'apportes
Rester et devenir meilleur - Je reviens vers toi car me reviens en mémoire un texte de Adhémar de Barros que j'adore...
J'ai revu le film de ma vie.
O surprise !
Les lieux de l'empreinte unique
correspondaient aux jours les plus sombres
de mon existence.
Jours d'angoisse ou de mauvais vouloir ;
jours d'égoïsme ou de mauvaise humeur ;
jours d'épreuve et de doute ;
jours intenables...
jours où, moi aussi, j'avais été intenable.
Alors, me tournant vers le Seigneur, j'osai lui faire des reproches :
- Tu nous as pourtant promis d'être avec nous tous les jours !
Pourquoi n'as-tu pas tenu ta promesse ?
Pourquoi m'avoir laissé seul aux pires moments de ma vie ?
Aux jours où j'avais le plus besoin de ta présence ?
Mais le Seigneur m'a répondu :
- Mon ami, les jours où tu ne vois qu'une trace de pas sur le sable,
CE SONT LES JOURS OU MOI JE T'AI PORTE
Moi aussi j'ai été beaucoup portée ces derniers mois...
Bisous - C'est touchant,moi je ne préfère même pas y penser, même pas avoir de la peine, comment dire même pas m'y confronter, l'ignorer la fera peut être ne pas exister....et pourtant.
J'ai perdue une amie chère il y a peu de temps et je n'arrive pas à m'y résoudre....
Merci pour ton passage chez moi
merci pour ces mots
Bernick