La Mamounia ~Saveur du luxe~ MAROC
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Quand vous citez le nom de la Mamounia à un étranger, il vous répond Marrakech. C'est un monde clos dans la dynastie Almoravide (1062), lové dans cette ville rouge saluée pour son coucher du soleil.
La Mamounia Illumination bar
"Qui aime le luxe est pauvre" Vinicius de Moraes
Mais passée la porte et vous rentrez dans ce jardin luxuriant ceinturé de murs qui ont su conserver leur légende et dont je vais vous raconter leur histoire.
Elle commence au XVIIIe siècle, lorsque le Sultan alaouite Sidi Mohamed Ben Abdellah offrit à son fils Moulay Mamoun cette terre en cadeau de mariage. Il était le 4ème fils du Sultan. Les jardins portaient le nom de "Arset El Mamoum". Le Sultan avait l'habitude d'offrir à chacun de ses fils, un domaine en cadeau de mariage. Abdessalam, Mamoun, Moussa et Hassan sont ses fils.
Mamounia, lanterne du jardin
Ce jardin de 13 hectares, blotti au pied de l'Atlas est enfermé dans les remparts et recèle toute sa splendeur en hiver face au sommet enneigé de l'Atlas. Il se travestit de bougainvilliers qui grimpent le long des murs de l'enceinte et développe ses effluves d'orangers à la tombée de la nuit. Il est 19 heures.
C'est dans ce cadre légendaire que l'hôtel fut construit en 1923 dans cette ville Marrakech qui vient du mot arabe " Mur(n) Akush" qui signifie "Terre de Dieu". A l'origine le Maroc était écrit en arabe "Maraksh" المملكة المغربية , ce pays attire de nombreux touristes, séduits puis captivés par son atmosphère mythique et mystique qui vous amène à ce conte oriental ou la culture africaine, arabe et européenne se croisent et éveillent nos sens. Son style et sa personnalité sont ce mélange secret à apprivoiser.
Mamounia Tableau danseuses
Aquarellistes : Harrari Tarrab, Lemsili, Lachdar, Abidou, El Aouamy, El Moustaoui
Ce palace prestigieux fut construit par les architectes Prost et Marchisio dans ce cadre luxueux magnifié par la nature. Il fut agrandi en 1946 afin d'accueillir plus de clients attirés par sa renommée et bénéficia de rénovations dont les plus grandes sont en date de 1950, 1953, 1986 (Robert Bergé) et 2009. Sa 4ème rénovation contemporaine revient au mérite du décorateur français Jacques Garcia qui a dans ses cordes le "Royal" à Deauville, "Costes" à Paris, "Danieli" à Venise. Il est passionné de mobilier XVIIe siècle et d'art moderne. Ses couleurs de prédilection sont le grenat, le pourpre et le blanc qu'il applique dans cette nouvelle remise à neuf. Il mesure la lumière par des alcôves sombres. Né en 1947, il a tout d'abord travaillé pour une clientèle privée comme Bouygues, Mauboussin... et des hôtels particuliers comme celui de Lucien Barrière. En 1996, il se lance sur des réalisations de grand ensemble comme les salons de Ladurée, Fouquet's qui lui donne le mérite d'avoir carte blanche pour la Mamounia. Il aura fallu trois années (2006-2009) (Jacques Garcia) pour lifter cette imposante bâtisse de 40 000 mètres carrés. Sa réouverture eu lieu le 29 septembre 2009.
Propriétaire en 1992 du château du Champ de Bataille en Normandie qu'il a restauré durant une douzaine d'années. Ce lieu révèle ses collections d'objets privées et son jardin qui comporte 38 hectares de jardin à la française, dans l'esprit des créations d'André Le Nôtre.
Mamouni, Spa et bien-être
Il est le plus ancien de Marrakech. Il accueilli bien des célébrités comme, Winston Churchill, Colette, Charlie Chaplin, Edith Piaf, Marcello Mastroianni, Alfred Hitchcock qui y tourna "L'homme qui en savait trop", ... et son passé glorieux est imprégné dans l'atmosphère qu'il y règne. Plus tard, Elton John, Jean-Paul Gaultier, Nicole Kidman, Tom Cruise, Claude Lelouch, Sophie Marceau, Claudia Cardinal, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Alain Delon, Naomi Campbell ou encore Hillary Clinton viendront goûter à ce lieu si mythique. Si les stars du cinéma viennent, celles de la mode comme le créateur Yves Saint Laurent ou Pierre Balmain y séjournèrent. Les Présidents comme le Général Charles De Gaulle, Franklin Roosevelt, Reagan mais encore le Prince Nahurito du Japon.
Mamounia, entrée
Une anecdote rappelle que Winston Churchill prenait ses quartiers d'hiver afin d'y peindre la lumière à chaque instant de la journée de la terrasse de sa chambre, avec vue sur le grand jardin. Plusieurs de ses peintures représentent les jardins de la Mamounia et son exposé au Musée Churchill de Londres comme le "coucher du soleil sur les montagnes de l'Atlas" huile sur toile de 1935.
"La Mamounia est un des plus beaux endroits du monde" Winston Churchill
Autre anecdote, la magie du lieu a inspiré le groupe "Crosby" pour sa chanson "Marrakech Express".
Le gardien nous fait signe pour garer la voiture. L'entrée mosaïque avec ces vitraux de couleurs s'efface devant l'homme "chauve-souris", surnom que je lui donne par son costume doté d'une cape et son sourire.
Dès l'entrée, je fus conquise par ses grands axes adoucis par une lumière tamisée provenant de lanternes en verre sablé qui donne du poids à l'ambiance orientale. Son style arabo-mauresque imprégné d'Art Déco, tend à s'épurer par une rénovation récente. Les sols marbrés de blanc s'ornent de fontaines de part et d'autres des couloirs transverses qui offrent des perspectives à l'infini. Sur les étages, on aperçoit les moucharabiehs qui invitent à la discrétion. Des pétales de rose accompagnent le reflet de l'eau. Le centre est donné par la présence d'un grand lustre en cristal de baccarat qui perle de sa lumière l'ensemble. Sur l'un de ses axes qui mène à un salon se trouve l'oeuvre.
Mamounia, salon
Les plafonds de 1923 sont de Majorelle
Les sols sont en marbre noir.
Mamounia, l'Oeuvre
Je marchais sur les pas de mon grand-père, de son passé si glorieux qui était le sésame de notre famille. Ma fille devant telle une antilope s'avançait dans sa robe aux mille accents du Sud. Son image reste gravée à jamais dans ma mémoire qui parfois s'altère. Moment bref et éphémère dans tous ses sens : un rêve.
Le bleu de sa tunique se mariait si bien avec son bronzage appliqué que dès l'entrée, les hommes s'effaçaient pour lever le regard après son passage. Sa ceinture qui retombait sur les hanches, canalisée sa minceur pour faire ressortir sous les plis son vernis. Ses courbes oxygénaient son allure et donnaient l'envergure de sa jeunesse. Je goûtais le présent et sa présence.
Mon mari à ses côtés se sentait honoré de cet accueil.
19 heures - 10
C'était la tombée de la nuit et nous profitions du charme de l'heure pour visiter le jardin, avant de nous installer pour la soirée. La limpidité du ciel qui sombre sous le soleil descendant donnait une tonalité à la plaine du Haouz et plus loin l'Atlas. Le chant du Muezzin vient interrompre le silence. Il se diffuse lentement et pénètre l'atmosphère des derniers jours de Ramadam par l'appel à la prière.
Nos pas nous amenèrent vers la forêt d'oliviers. Les arbres accompagnés de leur ombre soupiraient de la chaleur de la journée et leur pied baigné dans cette quiétude, profitait de la présence de l'eau. L'eau qui de part et d'autres, nous ramène à la vie, au luxe suprême du raffinement et développe une sensation de calme et sérénité.
Mamounia, jardin
Dans cet écrin de verdure où une pléiade d'orangers, citronniers, mimosas et rosiers foisonnent dans les alignements de bambous, nous apercevons des hibiscus, des yuccas, des papyrus. Sur le pourtour, des murs de verdures tels des remparts étalent des hampes de bougainvillés.
Plus loin, après l'alignement des chaises longues, la grande piscine fait face aux quatre étages des chambres. Elles sont au nombre de 207 et offrent le choix des catégories.
Il existe la suite Churchill qui était la suite personnelle de Winston Churchill et qui prit son nom après sa mort. C'est une des plus luxueuse et qui est devenue une sorte de musée car elle conserve des photographies originales qui retracent sa vie et des documents d'époque. Elle dispose de 120 m2 avec une chambre et un "living room", salle de bains, jacuzzi et douche, le tout orné d'un grand balcon panoramique qui donne sur les jardins.
Au niveau restauration, il vous est proposé quatre restaurants dont un italien avec le célèbre Chef étoilé "Don Alfonso", un restaurant français avec le Chef étoilé "Jean-Pierre Vigato", un marocain avec les traditionnelles danses et ses costumes. Assis dans les canapés "souf" la table et l'ambiance excellent avec le sublime Chef "Rachid Agouray". Les plafonds sont en "tatoui" et me font lever les yeux. Ce clayonnage est un assemblage de tige de lauriers roses qui sont ajustés dans des caissons à losange. Les tiges colorées sont de toute beauté.
Entrée du restaurant marocain
Des salles de conférence sont également à la disposition d'organisateur.
Une cave dite la plus grande du monde est dotée de 200 000 bouteilles avec une sélection de bouteilles de rouge et de blanc du Haut Atlas. Le Spa est sous le signe de "Shiseido".
Au fond du jardin, le potager "bio" anime également une partie du jardin.
Des boutiques de luxe sont présentes comme Chopard, joaillier.
Inauguration de la Mamounia en novembre 2009
Auparavant, les chambres étaient tapissées de marquetterie au sol et rappelaient les paquebots transatlantiques des années 30 et portaient des noms évocateurs : Suite Orient Express qui rappelait le fameux Orient Express Istanbul-Paris. Chaque chambre porte des souvenirs et replace l'histoire avec élégance, le temps ne fait que les embellir et son rafraîchissement donne le dynamisme tant attendu par Didier Picquot, l'actuel Directeur général de la "Mamounia" et qui a, par le passé, refait le "Ritz" à Paris et le "Pierre" à New-York, le "Four Season" à Bangkok, le "Péninsula" à Hong Kong".
Les précédents décors ont été vendus aux enchères comme cette paire d'atlantes en coquillages qui entouraient l'entrée du Spa de l'hôtel.
Mamounia, piscine intérieure
Il joue la carte du sensoriel avec comme maître mots : saveurs, senteurs, couleurs car la clientèle cherche l'authentique. Les symboles mauresques et conventions sont dans ces couloirs sculptés en marbre noir d'où s'échappent des salons au velour de couleur bourgogne et une effluve discrète senteur "datte".
Les fontaines sont en terre cuite recouverte d'émail.
Les murs de plâtre (zellige) forment des mosaïques géométriques qui vont jusqu'au plafond. Certains murs décrivent l'arbre de vie par les symboles qui les ornent.
Les couloirs qui mènent aux chambres ont des plafonds en boiserie de cèdre sculpté et des parterres de tapis venant du Haut Atlas.
Les nombreuses calèches sont également remplacées par de belles voitures rutilantes de type "Jaguar".
Joallier Chopard
Les fauteuils tendus de velours grenats, de style "Leleu" nous accueillirent dans le mythique bar "Churchill".
Nous prîmes l'apéritif accompagnés d'un orchestre de jazz accompagné d'un piano et d'une contrebasse. Certains soirs, la voix de Margaret Bell ou autres chanteuses rajoutent une touche supplémentaire d'harmonie. Bien-être est le maître mot de ce lieu. Tous les sens s'affinent vers cette mélodie qui accompagne notre séjour.
Un moment d'égarement qui me laisse penser à la définition du mot "Luxe". Qu'il soit matériel, intellectuel ou social est une denrée rare qui amène d'autres mots : confort, qualité, liberté, minorité et qui se marie avec d'autres : dignité, sécurité
Des dédales de couloirs amènent l'oeil à s'interroger. Où se trouve le Spa si recherché ou la salle de massage recommandé pour ces vertus de dissiper les tensions ? Relaxation est le fin mot de ce lieu. 2500 mètres de bain qui reflètent douze colonnes en ogive.
80 sortes de soins peuvent être délivrés pour la peau et le corps avec les produits Shiseido dans l'espace Spa. Le bleu Majorelle est à l'honneur.
Les portiers munis de leur fez faisait une allée d'honneur à la sortie.
Je fais un flash back sur ma visite de la place Jemaa El Fnaa et du souk. En effet, leur visite a été agréablement compensé par la pose à la Mamounia. Les bruits dans la ville, le va et vient incessant des mobilités dans les ruelles du souk ne favorisent pas la découverte de la ville. Le seul endroit qui m'a fait rêver sont liés à Yves Saint Laurent par sa villa "Majorelle" et la "Mamounia" dont il était le client.
Visite
. La place "Jemaa El Fnaa" ou place du Mort avec les charmeurs de serpent, les conteurs, les sorciers, les aguadeiros (vendeurs d'eau) avec leurs timbales en cuivre, les cireurs qui font miroiter les souliers, les marchands de toutes sortes...
. La Mosqué de la Koutoubia avec son minaret de 230 mètres
. Visite de riads dans la médina avec leur patio et leur jardin coloré par les bougainvillés. Certains devenus hôtels comme "Noir d'Ivoire", "Dar Iman" à l'extérieur, Palais Mehdi, la villa des orangers, les jardins de la Koutoubia,
. Madrassa ben Youssef,
. Jardin de la Menara est une oliveraie d'une centaine d'hectares, ornait en son coeur un grand bassin flanqué d'un pavillon qui abritait les rendez-vous galants du sultan.
. Jardin Agdal,
. Musée de Dar Si Saïd sur les arts marocains,
. Palais de Bahia,
. Le souk qui inonde les sens de couleurs, de sons et d'odeurs, surtout le soir.
Pour les achats,
. Ne pas manquer le très chic maroquinier "Place Vendôme" situé 141, avenue Mohamed V et,
. En face, le magasin de babouches "Atika"
Recettes
Quelques recettes recommandées par le Chef El Boujemaa
La Pastilla aux pigeons (4 à 6 personnes)
2 pigeons
2 oeufs
100 gr. d'oignons
100 gr. de beurre
1 demi-botte de persil plat
1/4 de botte de coriandre fraîche
100 gr. d'amandes
70 gr. de sucre semoule
Epices :poivre blanc, cannelle en poudre et en bâton, safran en filament, gingembre frais.
Préparation
Faire braiser doucement les pigeons avec un peu de beurre, de l'huile d'olive, de la cannelle en bâton, l'oignon et le gingembre, dans une cocotte.
Sortir les volatiles lorsqu'elles sont bien cuites et laisser refroidir. Désosser et hacher grossièrement.
Dans le fond de cuisson, rajouter un peu d'eau pour développer les arômes et faire réduire. Casser deux oeufs dans ce fond de cuisson et mélanger jusqu'à obtenir une crème réduite. Ajouter la cannelle en poudre, le sucre semoule, le persil et la coriandre finement hachés, les filaments de safran détendus dans une cuillère à café d'eau.
Présentation
Superposées deux feuilles de brick humidifiées sur la table. Placer en son centre, la réduction du fond non liquide, la viande, les amandes effilées, refaire trois couches.
Replier les feuilles de brick pour faire une galette.
Au moment de servir, mettre sur une plaque huilée en ayant pris le soin de badigeonner le haut à l'aide d'un pinceau imbibé d'huile d'olive et mettre à four chaud pour faire dorer la pâte.
Saupoudrer de sucre glace et servir.
Adresse
Avenue Bad Jdid à Marrakech 40 000 MAROC
Note
Le prix des chambres varient en fonction des prestations. Comptez entre 400 à 530 euros (6 000 dirhams) pour les premières catégories.
La Mamounia fait partie des 10 attractions principales de Marrakech.
A voir
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Biographie
Voyages août/septembre 2010 et mai 1989
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Carnet de voyages
Traduction : Français, Allemand, Anglais, Arabe,
Parution de l'article, 10 octobre 2010
Mise à jour : 10 octobre 2010
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