Mocăniţa , le petit train de la vallée de Vaser -Râvie de te connaître ROUMANIE -Les Maramures-
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Chère Iona,
Je fais suite à mon précédent courrier et je t'invite à faire ce voyage un court instant dans cette locomotive à vapeur, témoignage des années glorieuses sur un réseau à voie unique dont les rails serpentent la vallée de la Vaser pour suivre, toute une journée, la rivière, pour un aller-retour magique en Moldavie, aujourd'hui séparée en deux parties Nord et Sud qui appartiennent respectivement à l'Ukraine et à la Roumanie.
C'est le dernier train à vapeur de marque, la "Mocanita". L'unique moyen de transport encore en service pour exploiter la forêt en Roumanie, dans les "Maramures" et comme tu le dis si bien avec ton accent "Maramourech".
Ta langue m'interpelle tant elle est similaire à la nôtre et permet de la déchiffrer aisément. Votre culture est si proche des pays méditerranéens que beaucoup de roumains parlent encore le français qui jouit là-bas d'un prestige culturel. Toi, Iona ma soeur de coeur, tu sembles être l'emblême de la fraternité Franco-Roumaine qui naquit de votre révolution en 1989. Votre peuple "Magyar" dont la culture, la langue et le mode de vie semble similaire à ceux du bassin méditerranéen semble sortir lentement d'un autre temps. On vous découvre avec des coutumes ancestrales, parfois archaïques, mais votre hospitalité reste caractéristique et la barrière du langage n'a eu raison de notre complicité.
Cette ligne traverse le défilé de Vaser à l'aspect d'un canyon car il longe la rivière Vaser, longue de 62 km. La voie qui a été créée entre 1924-1932, a un écartement étroit de 0.76 mètres qui permet de tracter par l'intermédiaire de la locomotive, les wagons vieux de plus de cent ans. Ce petit train passe par Novat (13 km), Novicior, Bardiu, Cozia, Botizu, Suligu, Faina (32 km), Marcalau, Lostun, Ivascoa et Comuna. Il s'arrête à 3 gares, avant de se faufiler jusqu'à Comuna. La ligne est de 43 km.
La première compagnie qui gérait cette ligne forestière est CFF (Cale Ferate Forestiere) qui la vendit à la Compagnie "Viseu Forest". En 2005, elle fut rachetée par la R.G. Holz Company.
Il offre la possibilité de s'imprégner de l'ambiance qu'il y règne avec les exploitants forestiers et se retrouver hors du temps toute une journée.
Nous nous levons au lever du jour, vers 6 heures, car le départ est prévu pour 7h30 à Viseu de Sus, autrefois appelé "Intre Rauri" (entre les montagnes des "Maramurech"). Le train ne circule qu'une fois par jour, été comme hiver. A la vue des voitures qui s'entassent prés des entrepots, les touristes affluent. L'attente est un peu longue pour obtenir un ticket. Au fur et à mesure de l'attente, des wagons se rajoutent. Une heure plus tard, nous nous dirigeons vers les cabines qui sont entrain d'être attachées par les mécaniciens.
Les premiers installés sont les bucherons qui montent dans le train et parlent l'allemand. Cette communauté était constituée autrefois d'allemands, roumains, ukrainiens, hongrois et "Juifs". L'usage de la bouteille de Fanta pour trimballer la "Tuilca" est courant. Cà picole !
Derrière, l'auto-rail, de conception locale, est unique. Cet engin, hybride entre le train et la voiture, est monté sur un chassis de draisine. Il est utilisé par les gardes des frontières.
Mais la locomotive "La Cozia 1" (7646408R), modèle de 1955 des ateliers de Resita nous laisse perplexe devant sa boulimie en charbon. Plus de 3 tonnes de charbon sont nécessaires pour nous diriger vers la frontière ukrainienne et le ravitaillement en eau de rivière permet de remplir le tender afin de refroidir ce monstre en ébulition. Nous comprendrons bien plus tard pourquoi tant d'arrêts. Chaque 8 km, elle se repose 15 mn. Cette ligne en fonction permet de conserver les métiers traditionnels de ce type de lignes, non électrifiées tel que le chauffeur, le mécanicien, les employés nécessaires pour consolider la voie, parfois...
Il y a également d'autres locomotives à vapeur dont l'une fut construite en 1910 "O & K", l'autre en 1921 "Krauss" et les autres entre 1953-1955, du même atelier que "La Cozia", celui de "Resita".
Nous prenons place dans le convoi. Derrière la locomotive, une voiture de voyageurs, couleur jaune, offre l'agrément de permettre de s'abriter. Elle est déjà réquisitionnée et sautons cette possibilité pour s'installer dans la dernière qui sera bientôt suivie d'un nouveau, tant le monde afflue. A l'extrémité, se rajoute un wagon dit "baignoire". Ce nom original vient qu'il ne porte pas de toit.
Nous sommes à l'air libre et déjà l'humidité se fait ressentir. Seul un toit nous abrite des précipitations qui ne tardent pas à venir. Le départ est éminent et un nuage de vapeur se mélange à l'arrivée du conducteur. La vitesse auxille en moyenne à 5 km/h, alors qu'elle peut monter jusqu'à 30 km/h. Cette vitesse donne l'aisance d'admirer le paysage et octroie la possibilité de prendre des photos.
Les paysages défilent agrémentaient par le klaxon et des épais nuages de fumée qui sont offerts par cette machine généreuse. Généreuse à tel point que des "escarbilles" de charbon de bois qui s'échappent de la cheminée tombent sur les passagers derrière la locomotive. Chaque convoi transporte son lot de bûcherons, une centaine qui sont embauchés par la Société Viseuforest ; mais également, du ravitaillement en nourriture et matériels. Ils exploitent 30 000 hectares de forêt dans une altitude comprise en 700 et 1500 mètres.
Quitter le temps et se réveiller pincer par l'humidité de cette vallée dont la voie longe la rivière. Cette vallée coiffée de forêts est spectaculaire tant la nature est intacte et abrite ours, lynx et loups. L'air y est frais dans cette vallée encaissée et étroite et semble parfois être un canyon. Nous apercevons l'église de Novatz. Un autre arrêt se fait devant l'église en bois de Uniate et d'autres sont nécessités pour ravitailler en bois la locomotive ou la charger en eau de la rivière. Parfois nous traversons un tunnel et apercevons des chutes d'eau. Au terminus, un arrêt s'impose pour inverser la locomotive et nous repartons avec des escales qui parfois permettent de trouver de beaux champignons.
Ma quête photographique sera arrêtée par le taux d'humidité ambiante qui bloquera mon pauvre "Canon Ixus" ! Mais cette situation est due à des précipitations si violentes que nous dûmes plusieurs fois s'arrêter pour vérifier si les berges tenaient encore pour laisser passer notre convoi. Le temps s'écoule et l'eau coule. Nous devons maintenant arrêter de dire que c'est une pluie, car il semble que nous approchons des inondations tant les pluies sont diluviennes. Nous sommes vendredi 25 juillet 2008 et sur le chemin du retour entre Faina et Viseu de Sus, peu avant la station Bardau, des éboulis bloquent la voie. La rivière que nous longeons transporte le bois et les alluvions qui s'accrochent parfois aux berges et les arrachent. Les ponts sont démolis par les troncs qui circulent.
Nous apprendrons que le lendemain, l'état de crise fut déclaré par cette catastrophe naturelle. La voie fut bloquée, ainsi que les touristes qui durent dormir dans les abris forestiers durant deux jours. Les crues engendrées par les pluies diluviennes de la veille semblent plus importantes que celles de 2001 et 1970. Les travaux de déblaiement et de reconstruction du chemin de fer vont être onéreux afin de rendre à nouveau accessible le parc naturel de "Muntii Maramuresului". Le train est resté bloqué à Bardau dans l'attente d'être ramené au dépot de Viseu. La première phase des travaux se termina le 27 novembre 2008 et permit d'aller avec succès jusqu'à la gare de Cozia, train tiré par la locomotive "Cozia 1". La phase 3 permit d'aller jusqu'à "Valea Scradei". L'aide financière de la fondation suisse "Hilfe für die Wassertalbahn" a été un levier pour que les autorités locales prennent en main la décision de refaire la ligne. Au dernière nouvelle, la reconstruction a duré jusqu'au mois de mai 2009.
Lors de ces inondations le premier ministre fit le déplacement de Bucarest pour constater le désastre et donner le soutien à la population locale.
Chaque cabine tisse des liens et le temps s'agrémente d'histoires fascinantes le temps du retour.
Sur le trajet du retour, au deux tiers, un arrêt se fait devant le tunnel de Faina qui semble avoir servi lors de la déportation... des photos éphémères, des clichés qui se mêlent à la nostalgie du retour et aux anecdotes du périple.
Son histoire est rappelé dans l'oeuvre de Ioan Mihali d'Apasa, en 1365.
Vous pouvez continuez la visite par cette photothèque.
Notre voyage continue vers le col de Prislop (1416 m).
Notes
Il est préférable de prendre les dispositions nécessaires avant le départ pour son casse-croûte. L'incertitude du trajet vous laisse à la merci de ne pas pouvoir s'alimenter suivant les péripéties du trajet.
Il est nécessaire d'avoir sur soi une carte d'identité car le train passe par une zone frontalière.
Prévoir des vêtements de pluie, voire anorak et laine polaire.
Ou dormir
Gabriela Hotel
Str. Randunelelor 1
A 1 km, sur la route de Borsa
Réservation
La saison touristique est de mai à fin octobre. Pour les groupes, il est préférable de réserver à info@ecotours.ro .
Le train fonctionne tous les jours sauf dimanches et jours fériés.
Prix 2008
8 euros pour adulte
5 euros (7 à 16 ans)
gratuité (- de 7 ans)
Recherche de fond
Contacter cette association. Vos dons permettront que le dernier chemin de fer forestier de Roumanie survive !
Reportage sur les inondations.
Carte
Si vous voulez connaître le lieu, c'est ici.
Bibliographie
Voyage en Roumanie en juillet & août 2008.
Courrier à Iona
Cimetière de Sapanta
Maïs
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Traduction : Français, Allemand, Anglais, Arabe, Hollandais
Parution : 26 juillet 2009
Mise à jour : 26 juillet 2009
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